Du 3 septembre au 25 octobre 2025, AREA Paris a accueilli l’exposition « L’art de la laque negoro nuri ». Cet événement a rendu hommage à Koichi Kosaka, maître laqueur japonais originaire de Kiso. Reconnu pour son savoir-faire unique, il a redonné vie à un art ancestral disparu : le negoro nuri. Présentée successivement à Tokyo, Paris et New York, cette exposition itinérante a célébré la rencontre entre tradition et modernité. Elle a réuni des œuvres uniques, entièrement façonnées à la main, symboles d’une vie dédiée à la laque urushi et à la recherche de la perfection.
Le negoro nuri, un art du temps et de la matière
Le negoro nuri, né à l’époque Muromachi, se distingue par une superposition de vermillons éclatants et de noirs profonds. Avec le temps, la couche rouge s’use et laisse apparaître le noir. Ainsi, chaque objet change, se transforme et révèle une nouvelle beauté. Cette évolution incarne une idée essentielle de la culture japonaise : la beauté du passage du temps.
Cependant, les maîtres contemporains comme Koichi Kosaka ne laissent rien au hasard. Ils polissent, retirent et révèlent volontairement certaines zones de la laque pour créer une patine maîtrisée. Leur geste transforme la matière en mémoire et l’usage en œuvre d’art.

Le Dernier Vermillon : symbole de vie et de renaissance
Le vermillon, teinte sacrée depuis l’Antiquité japonaise, représente la vie, la lumière et la renaissance. Appelé shu dans le Japon ancien, il évoque la force vitale et servait autrefois de protection contre le mal. Dans le travail de Koichi Kosaka, cette couleur devient un fil conducteur qui relie les époques et les symboles. Elle rappelle que la création, tout comme la vie, naît souvent de l’usure. Chaque œuvre évoque à la fois la fragilité du geste humain et la puissance du temps. Le titre de l’exposition, « Le Dernier Vermillon », illustre cette tension entre disparition et renaissance, entre l’éphémère et l’éternel.
Koichi Kosaka, un maître au service de la beauté simple
Né en 1949 à Kiso-Hirasawa, Koichi Kosaka a consacré plus de cinquante ans à l’art de la laque. Il a obtenu le titre d’artisan traditionnel et reçu de nombreux prix, dont celui du gouverneur de Nagano en 2006. Sa philosophie était simple : « Que cela fasse partie de votre vie ordinaire. »

Ses créations n’étaient pas de simples objets d’art. Elles étaient pensées pour être vécues, touchées et transmises. Chaque pièce témoigne d’une quête d’harmonie entre rigueur et émotion, entre l’éclat du vermillon et la profondeur du noir. Son approche unissait la maîtrise technique et la recherche de beauté dans le geste quotidien.
AREA, un lien entre héritage et design contemporain
Fondée en 2003 à Tokyo, AREA valorise depuis plus de vingt ans le savoir-faire japonais à l’international. Présente à Tokyo, Paris et New York, la marque marie design moderne et artisanat ancestral. En présentant cette exposition, elle a célébré la rencontre entre art, matière et mémoire. « L’art de la laque negoro nuri » a offert au public bien plus qu’une rétrospective. L’événement a invité chacun à réfléchir à la valeur du geste artisanal dans nos vies contemporaines. À travers cet hommage, AREA a prolongé l’héritage de Koichi Kosaka, maître de la beauté patiente et de la lumière du temps.